- Vulnérabilité, authenticité et position basse en coaching systémique
La position basse du coach systémique est plus qu'un principe. Elle doit être pratiquée à la façon d'une compétence de management et de communication.

Lorsqu’ils qu'ils envisagent d’entamer une relation d’aide ou de soutien avec des professionnels tels des consultants, des formateurs, des experts, des thérapeutes, des médecins ou des coachs, les prospects ou clients potentiels sont généralement en demande, et se sentent vulnérables. Plus précisément dans le domaine du coaching, la motivation principale, apparente ou sous-jacente de nombreuses demandes d’accompagnement est souvent de sortir d’une impasse, de dépasser un mal être, de réussir une transition importante mais incertaine, etc. Ce n’est souvent pas facile pour les clients de l’admettre.  A travers leurs motivations, ces clients font souvent face à des transformations personnelles et professionnelles profondes. Par conséquent, ils se sentent vulnérables.

Bien sûr, de nombreux clients appellent d​es coachs afin d’être accompagnés dans la gestion de projets beaucoup plus légers, à court terme ou pour accomplir des résultats juste un peu plus difficiles que ceux qu'ils atteignent habituellement. 

Parmi ces clients, figurent aussi ceux qui entrent dans une relation de coaching en annonçant d'abord des objectifs opérationnels relativement superficiels.  Lorsque leur travail progresse, ils prennent conscience de désirs plus profonds ou d’enjeux plus conséquents.  Ils trouvent alors le courage d'affronter des défis beaucoup plus conséquents que ne laissait supposer leur demande initiale.

Par conséquent, si les premières préoccupations et demandes de nombreux clients peuvent être quelquefois perçues comme simplement pratiques ou opérationnelles, autant de clients viennent au coaching pour répondre à des quêtes personnelles et professionnelles autrement plus profondes, et à des nécessités existentielles plus absolues. Dans cet esprit, nous pourrions envisager deux catégories générales dans la motivation de clients en coaching.

  • A chaque fois que des prospects peuvent poser leurs objectifs de façon claire, concrète et opérationnelle, ils savent précisément à qui ​​s’adresser. 

Ceux là sont à même de choisir un expert ou un spécialiste dans le domaine où ils situent leurs enjeux.  Ce faisant, ces clients cherchent à acquérir des moyens pratiques et appropriés pour atteindre leurs objectifs ou résoudre des problèmes  ou atteindre des objectifs clairement définis.

  • A chaque fois que des clients potentiels ressentent des aspirations pas aussi clairement définies, s’ils temporisent, si leurs objectifs sont plus incertains ou plus complexes, si leurs buts évoluent au fil du temps ou s’ils restent en suspens après plusieurs tentatives infructueuses, ces prospects feront probablement plutôt appel à un coach.

Ces types de motivations de clients ne sont pas les seules qui différencient ceux qui préfèrent faire appel à des experts spécialistes en solutions et ceux qui préfèrent choisir un coach. Cependant, elles peuvent éclairer le fait que si de nombreux clients en coaching semblent être clairs et décidés quant à leurs motivations et objectifs initiaux, ils peuvent aussi tacitement faire appel à des coachs afin d’initier des quêtes personnelles ou professionnelles plus profondes.

Quelles que soient leurs motivations apparentes les prospects en coaching peuvent cependant tous éprouver des sentiments plus ou moins intenses d'incompétence ou de vulnérabilité.  Soit ils admettent clairement ne pas savoir, savoir faire ou savoir être. Soit ils cherchent à bénéficier de l'appui d'un partenaire qui aurait du répondant. Soit encore ils ressentent un manque de clarté opérationnelle permettant d’atteindre leurs objectifs compte tenu des ressources disponibles ou de leur environnement restrictif, etc. 

  • Plus profondément cependant, au fur et à mesure que la relation de coaching se construit, les clients admettent souvent ne pas avoir le temps, ou le courage, ou les compétences, ou la motivation, ou la résilience, ou le soutien de leur environnement, etc. pour réaliser leurs aspirations, ou pour répondre aux attentes des autres.
  • Plus important encore, de nombreux prospects en coaching font face à des transitions de vie plus intimes qui comprennent des combinaisons détonantes d’enjeux de santé, de crises professionnelles, de transformations personnelles et de questionnements existentiels.

Par conséquent, peu importe l'importance apparente allouée à leurs objectifs initiaux ou la véritable motivation, bien plus profonde, qui sera avouée ou découverte par la suite.  Les prospects en coaching démarrent réellement leur processus d’accompagnement lorsqu’ils ils admettent une insuffisance personnelle ou des sentiments de vulnérabilité plus profonds.

  • Attention : Quand les prospects ou les clients se sentent vulnérables, ils tendent malheureusement à supprimer ou à disqualifier leur propre capacité à résoudre leurs propres problèmes, à accomplir leurs ambitions.

En admettant leurs sentiments d'incompétence ou de vulnérabilité, ils perdent de vue leur propre potentiel intrinsèque, leur propre puissance et capacité à progresser par eux mêmes. C’est dans ce contexte qu’ils font appel à autrui ou à un coach, croyant fermement que l'autre aura la force et les moyens de les aider. De cette façon, les prospects et clients projettent leur propre pouvoir de guérison et d’évolution vers l'extérieur, sur les autres ou sur leurs coachs.  Ensuite, ils perçoivent chez ces personnes la projection de leur propre capacité interne de croissance.

Relations complémentaires

Selon l'intensité des sentiments d'incompétence et de vulnérabilité ressentie par le client et selon la façon dont il l’exprime, sa posture initiale peut être définie de nombreuses façons. Elle pourrait être décrite comme une position basse, une posture d’impuissante, une attitude de perdant, un rôle de victime, une stratégie de délégation, etc. Mais ce n'est pas l'objet de cet article de se lancer dans des définitions subjectives ou des justifications logiques pour expliquer la posture initiale des clients en coaching.

  • Attention : Toute personne qui assume une posture de vulnérabilité en début de relation formule une invitation tacite.  Elle suggère au partenaire d’assumer un rôle complémentaire, plus actif et plus puissant.

La position positive complémentaire à celle d’une personne initiant ​​un parcours de développement personnel ou professionnel pourrait être nommé un challenger, un leader, un professeur, un mentor, un maître, un coach, etc.   En moins positif, la même polarité peut être décrite de façon très différente: une victime cherchera l'appui d’un sauveteur, un perdant suivra un gagnant, un impuissant cherchera à se faire prendre en charge, un adepte vénèrera un gourou, etc.  Toutes ces relations complémentaires plus ou moins verticales sont assez communes et peuvent être à la fois socialement acceptables et relativement politiquement correctes.

  • Attention: Lorsque des prospects en coaching subissent des prescriptions initiées par leur entreprise, dans un contexte défini par une coalition entre leur entourage, leur patron et leur RH, suite à des tests tels que des 360° ou autres inventaires MBTA, ils peuvent naturellement se sentir visés ou jugés. Cette pression sociale ajoutera sûrement du poids à leurs sentiments d’incompétence ou de vulnérabilité.

Ce type de rapport est à l’origine de nombreuses relations dans les métiers de relation d’aide voire les métiers de service. D'une part, les prospects et clients reconnaissent leurs besoins, leurs défauts, leurs insuffisances, incompétences et vulnérabilités, et d'autre part, ils s'attendent à ce que leurs conseillers, leurs médecins, leurs aides sociales, leurs avocats… ou leurs coachs sauront comprendre, pourront aider, seront compréhensifs et feront preuve de leurs compétences, etc.

  • Attention: Par conséquent, les prospects ou clients invitent naturellement leurs coachs à adopter la position relationnelle complémentaire, la position haute

Socialement parlant en effet, le coach est perçu comme faisant partie de ceux qui peuvent, qui seront ouverts, accueillants, solidaires et compréhensif ou exigeants, et pourquoi pas, de ceux qui savent.  Par conséquent et pour le prospect habituel, un coach est d'abord celui qui dispose de capacités intrinsèques, d’énergie et de puissance, qui peut soutenir et valider, qui sera en mesure de motiver, qui peut aider à trouver des solutions stratégiques, etc. Cette perception du coach permet souvent aux prospects d'entrer dans la relation de coaching en relative sécurité, avec le sentiment qu'elle sera utile voire productive.

  • Attention: Un coach très attentionné et protecteur, ou présentant des qualités de douceur et de patience excessives sera également perçu en position haute. 

Parent positif, il invitera aussi ses clients à adopter une posture complémentaire.   Les clients pourraient facilement y perdre leur exigence et ambitions afin de bénéficier d’un confort plutôt sécurisant et maternant.  Cela pourrait compenser la pression environnementale, servir à temporiser, excuser les éventuelles lacunes du client.

  • N’oublions pas les clients excessivement admiratifs, qui les yeux écarquillés et bouches ouvertes trouvent en leurs coachs un gourou tout aussi complémentaire.

Ces derniers offrent l’image illusoire d’un être plein de lumière, accompli, idéalisé, voire déifié.

  • Attention : Inutile de dire que tous ces exemples de relations en polarité verticale n'ont vraiment pas leur place dans le coaching.

Ils peuvent plutôt illustrer des invitations symbiotiques, créatrices de dépendances relationnelles.  Rappelons que le coaching est défini comme une relation entre pairs au sein de laquelle les clients gardent le pouvoir de définir leurs propres trajectoires, de trouver leurs propres réponses.

  • Attention: Donc, plus subtilement, le coaching ne doit pas être un métier qui repose sur une attitude, un comportement ou une relation de supériorité. En aucun cas, le coach ne devrait adopter une posture reposant sur des connaissances étendues, un soutien condescendant, une sagesse profonde ou une expérience de vie supérieure à celle du client.

En réalité, les coachs sont des personnes normales qui ont aussi leur lot de problèmes et de défis.  Dans la relation avec un coach, il est souvent répété que le client doit être perçu comme celui qui peut et qui sait. Le client est la seule personne qui a accès à la puissance et aux moyens d’atteindre ses propres objectifs et de résoudre ses propres problèmes. Notoirement, la posture du coach professionnel stipule qu’il ne peut pas être responsable pour le client, qui ne sait pas plus que le client et qui ne peut rien savoir ni faire à la place du client.

La concurrence symétrique

Par conséquent, dès le début d’une relation de coaching, à chaque fois que les clients initient la relation en adoptant une position basse, s'attendant à de l’aide ou du soutien, comment un coach peut-il répondre avec pertinence?

  • A)    Certains coachs répondent plus ou moins subtilement aux clients qu'ils ne savent pas non plus.

Ce type de réponse de la part d’un coach peu être une posture symétrique ou compétitive, le coach et le client manœuvrant tous deux pour occuper la position basse. D'une part le client ne sait pas faire et vient consulter un coach et d'autre part, pour ne pas prendre la responsabilité du client, le coach répond qu'il n’a pas plus d'options à proposer. C'est un type de bourbier dans lequel de nombreuses relations coachs - clients peuvent involontairement s’enfoncer.

Si en effet les coachs et leurs clients se positionnent en miroir les uns des autres, en compétition pour la position basse, que peut-on espérer comme résultat de relation? Elle pourrait rapidement se trouver dans une impasse et devenir improductive.

  • B)    Certains coachs choisissent de bien expliquer ce qu’est la relation de coaching: Ils expliquent patiemment que le coaching repose sur ​​le client qui est responsable de chercher et trouver sa propre voie pour atteindre ses propres résultats.

Bien que cette information soit véridique, elle est néanmoins fournie à partir d'une position haute ou de savoir. Sans le vouloir, ce type d’explication venant du coach peut renforcer les sentiments d’incompétence des clients. En tentant d'informer ou d'enseigner, les coachs qui offrent des explications circonstanciées sur leur métier incarnent une position haute, de celui qui sait.  En effet, le coach dit que le client doit apprendre ce qu’est la relation de coaching; qu’il est donc incompétent.

Dans d'autres situations, les prospects en coaching contestent les compétences de coachs en adoptant une position haute, impatiente ou colérique, autoritaire, parfois agressive: «Voulez-vous dire que les coachs n’offrent pas d’options? Pourquoi les payer s’ils ne peuvent offrir d’aide ou de solutions concrètes? » Ce type de réaction pourrait illustrer une position haute, arrogante ou condescendante, visant à pousser les coachs à sortir de leur propre posture de professeur quelque peu disqualifiant.

  • Attention: Dans de nombreux contextes professionnels et culturels les prospects et clients en coaching peuvent ne pas vouloir ouvertement admettre leurs incertitudes et vulnérabilités personnelles.

Si ces sentiments sont ouvertement partagés, ils pourraient être interprétées comme des indicateurs d'impuissance ou de faiblesse. Dans certains environnements cela pourrait être dangereux.

Dans les contextes où le prospect adopte d’office une position haute de disqualification, de nombreux coachs ont des difficultés à répondre de façon appropriée.  Lorsqu’en plus de type de communication se déroule en public avec témoins, ces coachs peuvent facilement se sentir disqualifiés, attaqués, ou incompétents.

  • C)    Par conséquent, lorsque que les prospects affichent une position haute, leur capacité d'affirmation, les coachs peuvent aussi réagir de façon symétrique.  C’est là qu’ils choisissent de patiemment expliquer que la relation de coaching repose sur les clients assumant leur propre responsabilité de résoudre leurs propres problèmes afin d'atteindre leurs propres objectifs.

Ce faisant, ces coachs enseignent et font la démonstration de leur savoir sur le coaching. De façon pas très subtile, ils révèlent le manque de connaissances de leurs prospects en matière de coaching, et leur disent comment ils devraient se comporter. Le message pourrait être interprété comme un jugement ou une mise au pas, que le prospect ne peut accepter sans se disqualifier.

  • Attention : Les explications données par le coach pourraient être perçues comme provenant d’une position de concurrence, ou une posture symétrique à celle du client perçu comme difficile.

Il s'agit d'une deuxième forme de réponse compétitive où le coach et le client sont en compétition pour assumer la position haute, chacun essayant de prouver qu'ils en savent plus que l'autre. Cela conduira également à un type de bourbier argumentatif dans lequel de nombreuses relations coach - prospect se trouvent rapidement et involontairement bloquées.

  • Attention: A chaque fois que le coach et le client sont dans des positions relationnelles symétriques, soit les deux en compétition pour la place du faible qui ne sait pas - la position basse - soit les deux en compétition pour une posture de connaissance – la position haute - la relation conduira très probablement à une impasse improductive.

Pour rappel en coaching, la posture espérée et appropriée pour les clients, c'est quand ils assument leur propre capacité de penser, de manifester leurs émotions et suivre intuitions, d’assumer leurs comportements etc. de la manière la plus utile pour résoudre leurs propres problèmes et atteindre leurs propres ambitions.

Au début d'une relation de coaching, le meilleur moyen pour les coachs de permettre aux clients d’incarner cette posture de puissance et de responsabilité, ou de leur propre capacité à réaliser leurs ambitions, c’est de laisser ce rôle actif et orienté solution totalement disponible, pour que leurs clients puissent l’adopter.

  • Attention : Si les coachs adoptent une posture de puissance ou s’il font état de leurs connaissances, les clients peuvent immédiatement saisir la position complémentaire, basse et de non savoir. Il devient alors élève ou apprenti.  Dans une perspective de coaching, cette relation serait considérée comme bien moins productives,

Par conséquent, la meilleure posture initiale pour un coach, dès les premières minutes d'une relation avec un prospect, est une présence attentive et disponible, modeste et discrète, réservée et respectueuse.  La modération et la simplicité du coach saupoudrée de remarques de soutien préparent bien le terrain de leur relation future.  Cela permettra aux clients de se développer ou se déployer dans tous les espaces laissés libres, afin de pleinement assumer le rôle le plus actif au sein du partenariat de coaching.

Comment, un leader, manager, coach peut-il apprendre à pratiquer la position basse?
De toute évidence au sein les cultures occidentales, il est rare d’enseigner l’art de la position basse faite de modestie et d’humilité.  Il est beaucoup plus courant de former à l’assertivité, au leadership, à la compétition, au contrôle, à la loi du plus fort, etc.   De fait, la compétition pour tenir position haute ou dominante est relativement habituelle pour les managers, experts et partenaires au sein de nombreuses relations professionnelles voire personnelles.

En conséquence, une des difficultés majeures pour les coachs débutants consiste à réellement comprendre et assumer le fait qu’ils n’en savant pas plus que le client et qu’ils n’ont rien à expliquer,  à suggérer ou à diriger pour influencer ce dernier.  C’est une véritable révolution de cadre de référence

Dans ce contexte, il serait bien utile pour les coachs comme pour les autres professionnels en position de contrôle d’apprendre à vivre de façon tout aussi naturelle la compétence réellement complémentaire: la position basse, faite de respect de l’autre, de son espace, de sa façon d’être et de faire.   Cela ne serait pas seulement utile pour les coachs mais aussi pour les managers, leaders, vendeurs, parents, etc.  De toute évidence, dans une dimension bien plus large sinon globale, une telle attitude de respect dans l’interaction avec l’autre au sens large du terme permettrait bien plus de développement durable.

  • Afin de charger au niveau global, toutefois, chacun doit oeuvrer à son niveau local.  Et cela demande de la méthode au niveau personnel et quotidien que de vouloir développer une nouvelle compétence active.

Considérez, par exemple, la décision de pratiquer le type de phrases d’introduction suivantes au moins vingt fours par jour, au sein de tous vos entretiens, dialogues, conversations, au début de chacun de vos commentaires, de vous questions, de vos présentations, etc.

Exemples:

  • Ce n'est put être pas le bon moment pour nous, mais puis-je ious interrompre?
  • Je ne suis pas sûr que mon option sera utile , mais puis-je la partager? 
  • J’ai une idée qui pourrait aider, mais je ne suis pas certain.  Puis-je la présenter?
  • Je n’ai aucune idée de ce que l’on pourrait faire.  As-tu de propositions?
  • S’il te plaît, dis moi si ça te conviens ou pas, mais je propose que l’on avance.
Je n’ai jamais rencontré ce type de situation.  Je vais pouvoir apprendre avec toi!
  • Je ne suis pas sûr de pouvoir contribuer de façon utile, mais je ferais de mon mieux.
  • J’ai aucune idée sur comment faire.  Quelles sont quelques-unes de tes options?
  • Cette situation m’est difficile aussi.  Pouvons nous apprendre ensemble? 
  • Dites « s’il vous plaît », « merci », et « désolé » aussi souvent que possible.
  • Parlez avec une voix plus douce et plus basse qu’à votre habitude.
  • Etc.

Bien entendu, ces introductions en position basse doivent être exprimées de façon bien habitées.  Elles ne sont pas des formules plates et simplistes.  Ces commentaires doivent véhiculer des sentiments de doute, d’incertitude, de vulnérabilité.  Ils doivent exprimer le fait que l’on ne sait vraiment rien du tout sur ce que les autres ont besoin de découvrir par eux-mêmes ni sur ce qui peut émerger d’un vrai dialogue partagé.

  • Si vos interlocuteurs réagissent de façon négative pratiquez le « désolé », et retirez vous pour vous mettre en position d’écoute!  Faites une deuxième tentative différente un peu plus tard.  Votre seul objectif est de roder la linguistique de position basse, l’attitude et les émotions correspondantes.  vous ne cherchez pas à placer une idée, vos points de vues, une option, votre décision, vos envies!

Afin de procéder sans danger, commencez cet exercice dans des situations et en relations sans enjeux majeurs, où le niveau d’implication émotionnel n’est pas trop intense.  Pratiquez en famille, avec des amis, dans vos loisirs, avec des voisins, lorsque vous faites des courses, etc.  L’objectif est de répéter et re répéter, encore et encore, cette nouvelle compétence.  Vous observerez rapidement qu’il y a de nombreux avantages relationnels et professionnel à pratiquer la position basse partout, de façon régulière, avec tout le monde.


  • Votre premier objectif pour vous est d’apprendre à formuler les phrases afin de vraiment percevoir vos sentiments, lorsqu’ils émergent avec les mots.  N’évitez pas ces sentiments.  Regardez où ils vous mènent!

  • Votre deuxième objectif es d’apprendre comment véritablement habiter une position d’accueil et d’écoute de l’autre et de la situation, une fois que vous laissez la place à ce qui émergera.

A chaque fois que vous percevez que vos expressions de position basse permettent des résultats inattendus, que les autres se rapprochent de vous, qu’ils s’ouvrent et partagent plus, qu’ils assument leurs responsabilités et prennent plus d’initiative, qu’ils vous informent, etc. vous saurez que vous progressez.

Afin de consolider le processus d’apprentissage de cette micro-compétence dans le temps, continuez à pratiquer au moins pendant un mois complet. Ce comportement et l’attitude correspondante commencera alors à s’inscrire dans vos habitudes.  Pour en tire des bénéfices encore plus conséquents et afin de servir de modèle au sein de vos systèmes collectifs personnels et professionnels, continuez à le pratiquer de façon consciente encore quelques mois supplémentaires.

Vulnérabilité affichée du coach

Afin de concrétiser cette posture de coach professionnel, essentiellement humble ou modeste, les coachs plus systémiques peuvent aussi très simplement partager leur propre vulnérabilité avec leurs clients, de façon honnête et authentique. Incarnée d'une manière sincèrement humaine.  Une telle attitude serait l'équivalent d'une posture basse,. Elle pourrait être formulée en un simple énoncé: «Moi non plus je suis pas parfait".

  • Exemple: lorsqu’un client exprime une difficulté à agir dans un dans un domaine particulier, par exemple dans la gestion d'un groupe d’adolescents bruyants et turbulents, dans l’apprentissage de la natation, dans une prise de risque professionnel, dans le démarchage téléphonique, etc. le coach peut compatir et partager : "je sais ce que vous voulez dire. J'ai le même problème, et ce n'est vraiment pas facile pour moi non plus".

Notez que le commentaire du coach systémique est dans le temps présent. Il parle de lui même.  En aucun cas le coach ne fait-il semblant d'être au-delà du problème, de l’avoir résolu dans le passé. Cela indiquerait une position haute, plus mûre ou plus avancée que celle du client. Le client serait alors en droit de demander au coach comment il a résolu sa situation, validant ainsi le savoir du coach, et sa propre incompétence.

Bien entendu, un tel partage de coach, formulé de façon vraiment modeste et illustrant une position de partenariat paritaire repose sur la prise de conscience systémique que les clients assument des ambitions, se posent des questions, admettent des vulnérabilités, etc. qui sont identiques ou très similaires à celles de leurs coachs.

En effet, les coachs et leurs clients ont les mêmes enjeux.  Autant l’assumer !  Ce type de posture modeste et positive pourrait être appelée une position symétrique dans la position basse, le coach et le client reflétant leurs vulnérabilités communes.  Mais cette attitude et ce type de partage ouvrent très simplement la porte à un partenariat authentique dans leur vulnérabilité commune. En effet, si coachs et client peuvent ensemble être authentiquement vulnérables sur des questions et les ambitions semblables (sinon identiques), ils peuvent également devenir des partenaire qui se lancent dans une quête commune de solutions et de croissance.

  • Attention : Plus important encore, à chaque fois que les coachs se rendent compte qu'ils sont émotionnellement impliqués dans le contenu du travail des clients, ils pourraient aussi le partager.

Quand ils se rendent compte que le client plonge dans une situation dangereusement semblable à une autre également difficile dans leur propre vie privée ou professionnelle, les coachs systémiques pourraient également en faire part au client. Dans ce type de situation, les coachs doivent être éthiquement transparents et dire à leurs clients qu'ils ont eux aussi un problème similaire et que leur implication émotionnelle pourraient affecter la qualité de leur présence pendant le coaching.

Coachs et clients pourraient alors arriver à un accord qu’en cas de projections indues dans l’enjeu du client, ce dernier pourrait alors alerter le coach. Cela pourrait alors assurer un partenariat de développement plus juste, et plus éthique.

En outre, à chaque fois qu'un coach perçoit que la qualité de la relation pourrait affecter leur partenariat, il devrait en informer ou avertir son client afin d’arriver ensemble à remettre leur relation sur des rails plus pertinents.

  • Exemple : « Je me rends compte que depuis un moment, je suis impatient, et tu dois le sentir.  Je vais me calmer et te laisser avancer à ton rythme. Et fais-moi signe si ça se reproduit.

Certes, ce type de partage avec un client pourrait être perçu comme des lacunes de coach.  Ce n'est pas facile a assumer. Beaucoup de coachs pourraient sentir que cela pourrait les disqualifier. Le fait est que toute la transparence authentique assumée par un coach, son imperfection et sa vulnérabilité partagée, aide souvent, très paradoxalement, à consolider le partenariat et la capacité du client à pleinement assumer ses propres problèmes et ambitions. En effet:

  • Lorsque les coachs incarnent leurs vulnérabilités personnelles et les partagent avec leurs clients avec des mots simples et avec modération, ils assument une posture de modestie.
  • Ils modélisent respectueusement que lorsque les clients font face à des questions difficiles, des sentiments de fragilité, des craintes, des lacunes, des ambitions surdimensionnées, une tristesse, etc. ils sont juste normalement humains.
  • Lorsque les coachs reconnaissent leurs propres difficultés personnelles et professionnelles avec honnêteté, ils aident paradoxalement leurs clients à se prendre en main pour dépasser leurs propres difficultés et enjeux.
  • Paradoxalement et en retour, lorsque les clients développent leur propre capacité à construire, à réaliser et à grandir, ils modélisent la façon dont leurs coachs peuvent aussi réussir sur des terrains similaires.

Pour conclure, conformément au concept de la "puissance de la vulnérabilité" de Brene Brown, la relation de coaching est construite sur un type de rapport très particulier:

  • D'une part, les prospects entrent d'abord dans la relation avec une position relativement faible, en admettant leur sentiment d'impuissance. Ils s'attendent à ce que leurs coachs prennent une position complémentaire de connaissance, de puissance et / ou de leadership.
  • D'autre part, les coachs accueillent respectueusement leurs clients en affichant leur vulnérabilité en position basse, de façon simple et modestement positive qui incarne une forme d’humilité confiante et transparente.

Cette posture de coach permet de se situer à côté des clients, sur un terrain commun. Il sert à initier un partenariat solide et honnête qui permettra au coach et au client de s’accompagner réciproquement, de manière constructive, afin de grandir ensemble.

Inutile de souligner que cette stratégie systémique de coach est exactement celle qui pourrait être mise en œuvre par un leader ou un manager plus opérationnel. Ceux-ci peuvent aussi faciliter des résolutions de problèmes et des mobilisations collectives lorsque avec leurs troupes, ils acceptent de faire preuve de modestie ou d’humilité.  Ils ont juste à très simplement incarner, avec confiance, leurs propres sentiments de vulnérabilité, afin de laisser leur personnel se déployer dans l'espace laissé libre : celui qu’ils choisissent de ne pas occuper en tant que leaders.