Le Coaching, une Action Politique
Les Principes Fondamentaux du Coaching et Leur Effet Sociétal

LE COACHING DANS LE CONTEXTE DE NOTRE SOCIETE


Constatez que tel qu’il est pratiqué dans presque tous les domaines de la vie personnelle et professionnelle le coaching apparaît et se développe au niveau mondial depuis seulement dix à quinze ans. Constatez aussi que pendant cette même période, nous vivons une époque non seulement « post-industrielle »,  mais aussi « post humaniste ».  En effet les "critères définisseurs" prédominants de notre époque ne concernent plus la production de produits de grande consommation ni la notion de services qui met le confort et bien être de chacun au centre des préoccupations quotidiennes. Constatez que le coaching n'apparaît et ne se développe que depuis peu, et qu'après ces deux grandes époques de développement de notre société. 


Aussi depuis quinze ans, notre univers social et professionnel est profondément influencé voire bouleversé par la circulation presque instantanée et mondiale de l’information, de la communication et donc de l'étendue de la conscience humaine.  Au delà des préoccupations d'une société centrée sur l'acquisition de produits de grande consommation puis sur l'obtention de services centrés sur les personnes, constatons que le coaching apparaît en concomitance avec l’avènement de la société de l’information qui de plus en plus permet à chacun d'établir voire de subir des interfaces directes avec le monde entier.
 

Ce nouveau contexte de société encore en définition et qui repose sur l'information  numérique sinon « quantique » efface les distances et permet voire oblige la connexion presque immédiate à travers des barrières précédemment perçues comme infranchissables.  Le mur de Berlin est tombé, le rideau de fer a rouillé et s'est décomposé, les frontières de notre conscience se diluent.  Nous sommes désormais quotidiennement confrontés à des cadres de référence radicalement différents de ceux que nous prenions pour acquis.


Dans ce contexte de société marqué par l’avènement d’un réseau de communication mondial et instantané et l’éclatement des frontières de nos consciences, le métier de coach émerge et se développe dans le monde entier et à une vitesse fulgurante.  Il est en fait un "méta métier" qui se préoccupe de tous les métiers, voire de toutes les activités humaines à la fois professionnelles et personnelles.  Il s’inscrit comme par hasard comme une profession d’accompagnement du dialogue individuel et collectif au sein d'un cadre de référence résolument « systémique » sinon durable, c'est-à-dire qui tient résolument compte de tous les interfaces de l'homme avec son environnement.  


Bien entendu, cette dernière affirmation concernant le coaching mérite quelques précisions et explications.  L'approche « systémique » est une approche conceptuelle qui tient tout particulièrement compte de l’environnement d’une « entité » telle une personne, une famille, une équipe ou une organisation.  « L’approche système » est une théorie qui s’obstine à aborder n’importe quelle entité apparemment indépendante ou autonome comme faisant partie intégrante et inséparable du « tout » au sein de laquelle elle évolue, et celà à long terme.  Or avec l'avènement de la société de l'information, le système environnant de chaque personne est subitement devenu le monde entier.
 

D’ailleurs, constatons aujourd'hui que presque toutes les approches théoriques qui concernent l'activité humaine se développent aussi de façon systémique.  Elles situent l’objet de leurs préoccupations au sein de la complexité des interfaces avec leur environnement. De plus en plus l’économie, la climatologie, la politique, l’écologie, etc. reposent presque obligatoirement sur des outils et des approches théoriques « intégrées » ou presque « holistiques » qui tiennent compte de la complexité mondiale de leur domaine, sinon de l'interconnexion  durable entre tous les domaines. 


Par conséquent, peu ou prou, toutes les sciences modernes reposent preque obligatoirement sur des applications de la systémique, de la cybernétique et pour certaines même de la mécanique quantique telle qu’elle est abordée par des chercheurs tels Schroedinger, Bohm, Bohr, Pauli ou Dirac.  Il en est de même pour le coaching.
 

Nous ne souhaitons pas développer ici des réflexions théoriques ni philosophiques complexes et sans doute très éloignés de la pratique quotidienne du coaching.  Nous proposons plus simplement de situer le rôle que joue ce nouveau métier au sein de notre environnement personnel et professionnel actuel et souligner la convergence de cette approche avec nos préoccupations sociales, écologiques et politiques plus profondes.

LA "PART" ET LE "FRAGMENT"

Pour entamer cette démarche, il s’agit d’abord tout simplement de comprendre avec humilité la simple différence entre ce que nous percevons comme une « partie » d’un ensemble, et ce que nous percevons plutôt comme un segment ou un « fragment » de ce même ensemble.  Une « part », comme la part d’un gâteau ou d’un héritage fait intrinsèquement partie du « tout » auquel le mot fait référence.  La notion de « part » révèle que pour bien comprendre ce dont il s’agit, il faut presque obligatoirement se référer au « tout » ou à l’ensemble précédent un partage.[1]
 

Or lorsque nous abordons la réalité humaine avec un cadre de référence réellement « systémique » voire « quantique », il en résulte une perception qui intègre de façon inséparable l’ensemble de l’environnement dans l’observation d’une de ses "parts".  Ce regard inclut le « tout » dans la compréhension voire l’accompagnement de l’une ou l’autre de ses « parties » considérées comme inséparables.  Par conséquent, une approche véritablement systémique efface presque la frontière entre une entité observée et son environnement.
 

Par contre, lorsque nous abordons le monde avec le cadre de référence plus « mécaniste » propre à l’ère industrielle, la tentation est souvent très forte de sortir ou d’isoler un élément en "segmentant" l’ensemble dont il fait partie intégrante afin de l’observer sans qu’il soit « perturbé » ou influencé par son contexte. Cela sert à mieux l’observer, à tenter de le comprendre et peut-être à le modifier presque « in vitro », sans réellement tenir compte de l’environnement ni laisser celui-ci influencer l’opération en bien ou en mal.  Il en résulte presque automatiquement une approche dite « scientifique » dans le sens mécaniste du terme. 


Malheureusement, cette approche est  « fragmentaire ».  Elle ne tient plus véritablement compte des interactions complexes de « l’objet » au sein de son contexte naturel immédiat voire plus général.  Malheureusement et de toute évidence, plus on découpe, fragmente ou segmente, plus nous perdons du sens. 
 

Un « fragment » est en effet un segment de quelque chose dont on a rompu les liens avec l’ensemble qui justement lui donne un sens.  Comme un fragment d’une partition de musique, son l’utilité voire sa beauté commence à nous échapper.  Par conséquent, une approche scientifique fragmentaire est généralement partielle et quelquefois même relativement vide de sens, nous le démontrerons ci-dessous.

  • EXEMPLE : Imaginez un instant que pour comprendre le paragraphe ci-dessus, nous le découpions d’abord en phrases distinctes, ensuite en mots séparés, et enfin en lettres.  Pour être efficace, il serait ensuite utile de regrouper les lettres similaires, et pourquoi pas enfin les réorganiser par catégories en tenant compte par exemple de leur hauteur et/ou de leur largeur afin d’attentivement les étudier et ainsi acquérir une certaine expertise sur leur qualités intrinsèques.


Cette approche caricaturale illustre clairement que le sens d’une partie d’un ensemble est immédiatement perdu dès que l’on sort un élément de son contexte.  Au-delà du paragraphe en question, de la page sur lequel il figure et même du livre dont cette dernière pourrait faire partie, le sens des mots ci-dessus n’existe qu’au sein d’un contexte.  Celui-ci comprend un cadre de référence collectif, par exemple « la culture française », qui peu ou prou véhicule une communauté de sens attribués à un ensemble de signes, organisés en mots, eux-mêmes en relation.  Segmentés et pris hors contexte, ces "signes" ne ne signifient plus rien.  Ils ne veulent rigoureusement plus rien « dire ».
 

Par conséquent, si une approche fragmentaire ou « par segmentation » peut paraître efficace aux yeux de "scientifiques" ou d’experts, elle peut expliquer sans trop de difficultés la raison évidente pour laquelle notre société aboutit à un certain nombre d’impasses relativement coûteuses.

 
      EXEMPLES : 

  • La recherche scientifique « spécialisée » ou segmenté par domaines « autonomes », par organismes de recherche en concurrence, par départements jaloux « de leur indépendance » et par chercheurs qui chacun œuvre en solitaire aboutit sans beaucoup de surprises à un manque de résultats concrets réellement probants.  Jeter plus d’argent dans un environnement de recherche nationale dont le tout et l’ensemble des interfaces manquent cruellement de management systémique est, nous le constatons, un véritable gâchis.
  • Le « développement » technocratique qui favorise l’essor de technologies industrielles, chimiques, nucléaires, etc. hautement « spécialisées » au sein de leurs cohérences « fragmentées » détruit très concrètement l’ensemble de l’environnement systémique social, économique, naturel et écologique qu’il prétend pourtant œuvrer à améliorer.
  • Une foule de décisions gouvernementales proposées par des « experts » convaincants dans leurs domaines et prônées par des politiciens sûrement très compétents dans l’élaboration de leur idéologies exclusives aboutissent à des « effets pervers » qui motivent périodiquement des virages radicaux au sein de ce que l’on appelle pudiquement une « alternance » dont le résultat à long terme consiste à très activement « faire du sur place ».
  • Des politiques nationales ou régionales « indépendentes » et fragmentaires qui reposent sur des découpages historiques et arbitraires, voudraient nous faire croire que des phénomènes globaux migratoires, climatiques, technologiques (Tchernobyl), religieux (l'Islam) et économiques s'arrêteront comme par magie à la limite de nos frontières, comme si ce qui se passe au niveau mondial n'allait pas tôt ou tard bouleverser l'équilibre fragile de notre petit environnement local.  

LE COACHING DANS L'ENSEMBLE

Le coaching n’est pas une approche d’expert, le crie haut et fort.  Dans un contexte de société technocratique, cela peu bien entendu surprendre et être synonyme d'incompétence.  Mais ce méta-métier systémique voire durable qui a émergé très récemment propose une alternative constructive à un cadre de référence social, politique et humain "scientifique" qui repose trop inconditionnellement sur des approches fragmentaires. L'approche "mécaniste" hérite en effet un peu trop des réussites certes remarquables mais trop exclusives de l’ère industrielle qui repose sur un cadre de référence trop fragmentaire. Or l’exclusion, nous le constatons douloureusement, n'a vraiment aucun sens.


Résolument, le coaching offre une alternative aux expertises segmentées et souvent peu compétentes en ce qui concerne le contexte général voire humain de leur propre champs d'étude et d'analyse.  A la fois dans sa pratique individuelle, en équipe et au sein d’organisations, le coaching est fondamentalement un métier qui se centre sur l’évolution voire la transformation du sens que les personnes et les groupes souhaitent donner à leur vie personnelle et professionnelle en tenant compte de tous les interfaces avec leur environnement général.  Par conséquent le coaching est un métier résolument en phase avec les enjeux de notre époque.


[1] Incidemment « partage » est de la même étymologie et veut aussi bien dire « répartir » que « mettre en commun », comme lorsque l’on « partage une expérience ». 

Copyright 2008.  www.metasysteme.fr  Alain Cardon